Quelques minutes après Minuit
Encore un livre sur Halloween ?
Non, ce n'est pas mon truc cette affaire commerciale-là...mais une histoire de monstre, oui, disons plus précisément de démons intérieurs.
On y fait la connaissance de Conor, jeune collégien, qui depuis quelque temps et toutes les nuits fait un horrible cauchemar qui le laisse terrifié mais de cela, il ne veut pas en parler. Surtout pas. Jusqu'au jour où, croyant son cauchemar revenir, c'est autre chose qui arrive. A 00H07. L'if du jardin d'en face de sa maison, dans le cimetière, s'est transformé...en monstre. Jugez plutôt :
"Puis le nuage passa, et la lune se remit à briller. Sur l'if. Qui maintenant se tenait bien droit au milieu du jardin. Et le monstre apparut. Alors que Conor regardait, les branches les plus hautes de l'arbre se regroupèrent pour former un visage énorme et terrible, dessinant une bouche et un nez et même des yeux scintillants qui le fixaient. D'autres branches se tordaient, s'entortillaient, toujours craquant, toujours gémissant, jusqu'à former deux longs bras et une seconde jambe posée le long du tronc principal. Le reste de l'arbre se resserra en une colonne vertébrale puis un torse, ses fines aiguilles tissant une fourrure verte qui se gonflait et respirait comme s'il y avait des muscles et des poumons en-dessous." (pp.14-15).
On apprend aussi que la maman de Conor est très malade, un cancer récalcitrant aux traitements mais l'espoir demeure, même si on sent bien que le fil qui la relie à la vie est bien ténu...Son père est parti vivre en Amérique avec une autre femme, dont il vient d'avoir un bébé. Conor ne l'a pas vu depuis longtemps. Il y a aussi sa grand-mère maternelle, une femme épuisante pour Conor. Ils ne se supportent guère. Il y a aussi l'école : et là non plus, ce n'est pas gai. Une bande de trois garçons, menée par Harry, a fait de Conor son souffre-douleur. Et c'est encore pire depuis que tout le monde sait que sa maman est malade. Combien Conor souffre de la condescendance et de la pitié des autres ! Il s'isole de plus en plus. Mais le monstre revient : Conor a du mal à comprendre les raisons de sa venue. Il est venu, lui dit-il, à sa propre demande pour lui raconter trois histoires...la quatrième, ce sera à Conor de la raconter...Le garçon ne perçoit pas très bien au début le sens de ces histoires qui le transportent à d'autres époques autour de sa propre maison, mais sa maman va de plus en plus mal. Hospitalisée, son état s'aggrave, son père vient même la voir et sa grand-mère est omni-présente. Le moment de la quatrième histoire arrive et là, Conor comprend, mais refuse d'être confronté à sa propre vérité jusqu'au lâcher-prise final...
J'ai été bouleversée par ce roman qui renvoie tout un chacun à la complexité de nos sentiments et de nos émotions. Cette fable, car c'en est une sous certains aspects, aborde avec beaucoup de vérité la perte d'un être cher et combien le déni de cette réalité-là mène à une souffrance plus grande encore. Le message délivré est que ce qui compte, ce sont nos actes et non les mots. Les mots peuvent être creux si nos actes ne sont pas en conformité :
"On n'écrit pas sa vie avec des mots. On l'écrit avec des actes. Ce que tu penses n'est pas important. C'est ce que tu fais qui compte." (p.202).
Ce roman m'a menée sur un chemin d'introspection, j'ai mis du temps à le lire...
La fin, même si je m'y attendais, est surprenante dans ce qu'elle révèle de cette histoire ou plutôt de ces histoires. Et je n'ai pu m'empêcher de penser : si c'était moi qui était à la place de la maman de Conor et mes enfants et mes proches à la sienne...
La fin, même si je m'y attendais, est surprenante dans ce qu'elle révèle de cette histoire ou plutôt de ces histoires. Et je n'ai pu m'empêcher de penser : si c'était moi qui était à la place de la maman de Conor et mes enfants et mes proches à la sienne...
Les illustrations de Jim Kay (voir là), très graphiques, ainsi que le format de ce roman sont superbes. Ce roman a aussi sa propre histoire. Comme l'indique Patrick Ness (qu'on ne présente plus !), il a repris l'ébauche du travail de Siobdhan Dowd dans ce qui aurait dû être son cinquième roman (l'auteure de "L'étonnante disparition de mon cousin Salim" et de "La parole de Fergus" biographie ici), partie trop tôt.
Ce roman, c'est d'abord ça : une leçon d'amour et d'humilité.
L'avis de Dorota
Quelques minutes après Minuit
Patrick Ness
D'après une idée originale de Siobdhan Dowd
Illustrations de Jim Kay
Gallimard jeunesse
Un petit commentaire pour te remercie d'avoir posté le 800è commentaire sur mon blog ♥
RépondreSupprimerouaahhh ! faut que je joue au loto alors :)
RépondreSupprimerj'en suis loin du 800ème commentaire moi...
alors bravo !